Colombie : actions de prévention de la toxicomanie
Sous la direction d’Ingrida Lingyte, l’équipe colombienne de « la Fondation pour un monde sans drogue » informe des éducateurs et des membres des forces de l’ordre de tout le pays grâce au livret « La vérité sur la drogue ».
Pays d’extrêmes, la Colombie est considérée comme « la porte de l’Amérique du Sud » du fait de son emplacement au Nord-Ouest du continent. La Colombie a longtemps été associée à la drogue, la cocaïne en particulier, étant donné son rôle historique de gros fournisseur dans le monde. Quand le gouvernement a intensifié ses efforts visant à empêcher le trafic de drogue aux frontières, on a assisté à une augmentation notable de la consommation de drogue dans le pays.
Etat des lieux sur la consommation de drogues en Colombie
La drogue la plus couramment consommée est le cannabis, suivie de près par la cocaïne. D’après la police, un cinquième de la cocaïne produite dans le pays demeure maintenant en Colombie. Cela signifie que 70 tonnes de cocaïne sont vendues et consommées par les Colombiens chaque année. Des groupes criminels produisent des drogues, et les vendent en gros aux gangs de rues et aux « mini cartels », qui les revendent.
Comme la demande monte en flèche, le marché des drogues illégales y est devenu plus varié, intégrant les nouvelles drogues du marché mondial qui arrivent dans le pays. Tout comme dans d’autres parties du monde, les médicaments en vente libre ou vendus sous ordonnance, comme les opiacés, la kétamine, et d’autres drogues de type pharmaceutique comme les benzodiazépines, sont souvent utilisés comme stupéfiants. On assiste également à un essor important des drogues de synthèse, comme le 2CB, populaire parmi une élite de jeunes, et qui se vend 75 $ la dose.
L’implication de la Présidente de la Fondation pour un monde sans drogue en Colombie
Ingrida est arrivée en Colombie en 2015 et s’est impliquée comme bénévole au sein du mouvement pour un monde sans drogue.
La prévention de la toxicomanie et de l’alcoolisme est pour elle, une mission très personnelle. Elle a perdu sa mère dans un accident provoqué par une personne ivre, accident qui a tué neuf personnes et grièvement blessé sa sœur, la seule survivante.
« J’ai vécu en Union soviétique où l’alcool était moins cher que l’eau, où pendant de nombreuses années le gouvernement russe s’efforçait de rendre les gens alcooliques pour pouvoir les contrôler plus facilement. J’ai vu des bagarres et des familles détruites. Ma sœur est dans un fauteuil roulant et elle a perdu sa jambe à cause d’une personne ivre. J’ai donc de nombreuses raisons de vouloir y faire quelque chose. »
Depuis qu’Ingrida a pris les rênes de la Fondation il y a deux ans, la campagne » la vérité sur la drogue » a pris beaucoup d’ampleur. Les membres de son équipe ont sensibilisé des écoles, des universités, des clubs de scouts, des communautés isolées et des membres des forces armées, qui ont tous adopté la campagne.
La Fondation a distribué plus de 233 000 livrets d’information sur la drogue et sensibilisé 106 341 personnes grâce à 420 conférences et séminaires.
Voici un exemple de ces actions : le secrétaire de la Sécurité à Bolivar, un département situé dans le nord du pays, a demandé à Ingrida de l’aide pour effectuer des actions de prévention dans le sud Bolivar, une région reculée et pauvre. Il n’y a pas de routes et l’accès à l’électricité et à l’eau est rare. À cette époque, le pays était en proie à un conflit armé. La seule façon d’y accéder était de traverser une rivière dans la jungle. Les membres du mouvement colombien pour un monde sans drogue ont répondu à l’appel et ont fait le nécessaire auprès des jeunes de cette région isolée. En trois jours, sous une chaleur torride, ils ont transmis leur connaissance à 700 enseignants et jeunes de quatre villes ainsi qu’aux 934 soldats affectés dans cette région.
« Nous avons réussi à occuper une bonne position en deux ans et les gens connaissent bien la campagne « La vérité sur la drogue« », nous a confié Ingrida, Cela ne veut pas dire que la campagne n’est pas confrontée à des défis majeurs. Certains enseignants, dans les points chauds où la drogue se répand, craignent de diffuser les supports éducatifs par peur des représailles. Heureusement, les forces armées soutiennent la campagne et prennent des mesures pour soutenir activement l’éducation sur les dangers de la drogue. Avec leur aide, ces supports éducatifs sont devenus très demandés et ainsi, l’équipe de la Fondation a pu donner des conférences à 80.000 jeunes. Ingrida a récemment créé une antenne de la Fondation à Cali, une ville située dans l’Ouest de la Colombie, afin d’organiser des séminaires et des activités. Elle a ainsi formé 3 500 jeunes et 101 enseignants aux dangers de la drogue dans cette région.
Ingrida témoigne : « Je constate chaque jour que les jeunes peuvent se retrouver rapidement et facilement sous l’emprise de la drogue. Mais j’ai vu qu’avec un seul séminaire, je peux changer des vies : après un seul séminaire, des jeunes décident qu’ils ne prendront pas de drogue. Ils pleurent et ils demandent qu’on les aide à arrêter de se droguer. »
Un professeur, qui avait assisté à un séminaire, était du même avis : « Avec cet atelier et l’aide des guides, nous pouvons faire quelque chose pour les jeunes. Ils doivent apprendre ces informations depuis tout jeunes. Nous devons les leur apprendre dans les écoles, dans les foyers et dans la collectivité. »
Un monde sans drogue en Colombie ?
Ingrida et les cinq membres de son équipe ont forgé des relations avec des responsables municipaux, des ambassades et des membres des Nations Unies, ainsi qu’avec l’Agence de lutte contre la drogue et des institutions gouvernementales comme le ministère de l’Éducation et le ministère de la Santé et de la Justice. Des artistes et des musiciens sont également prêts à apporter leur contribution par des activités de relations publiques. Ingrida a récemment forgé un accord avec l’armée de l’Air colombienne au nom d’un monde sans drogue et elle est en train d’établir un accord semblable avec l’armée pour donner des conférences à des centaines de milliers de soldats.
L’antenne colombienne de la Fondation pour un monde sans drogue poursuit ses activités avec détermination pour faire savoir à la Colombie que les abus de chaque type de drogue ont des effets négatifs qui se répercutent dans toute la société.
Ingrida et son équipe adaptent le format et le contenu de leurs séminaires sur la drogue afin de mieux sensibiliser les différents publics : les enfants (âgés de 8 à 13 ans), les jeunes (de 14 à 25 ans), les membres des forces armées, les enseignants, les bénévoles, les employés d’entreprises et les parents.
Un policier qui avait participé à un séminaire a dit: « Ces informations sont très importantes, car nous autres policiers pouvons les relayer à beaucoup d’autres gens et sensibiliser ainsi des milliers de personnes. Nous pouvons les empêcher de devenir des drogués. C’est une tragédie aussi bien pour le toxicomane que pour sa famille. »
Ingrida et son équipe colombienne de la Fondation pour un monde sans drogue ont posé des bases solides. Elles poursuivent leurs activités avec détermination pour faire savoir à la Colombie que des drogues comme le cannabis ne sont pas inoffensives, et que les abus de chaque type de drogue ont des effets négatifs qui se répercutent dans toute la société.
« Je sais que je suis en train de changer des vies, de changer l’orientation de beaucoup de jeunes, et cela revient littéralement à sauver des vies. »